martes, 9 de abril de 2013

LES DÉCUS DU SYSTÈME FRANCAIS PRÉFÈRENT PARTIR À L'ÉTRANGER



                                                                                                                                                                                                                                                    


Le Nouvel Observateur du 4 Avril.
Combien sont-ils ces jeunes Français qui choisissent de quitter leur pays ? Tous les chiffres donnent la même tendance : ils sont de plus en plus nombreux. 155.266 jeunes âgés de 18 à 25 ans vivent à l'étranger d'après le ministère des Affaires étrangères (14% de hausse depuis 2008).
On estime qu'un étudiant d'école de commerce sur cinq, et un élève d'école d'ingénieurs sur dix choisit désormais de franchir les frontières, une fois ses études terminées. Et les programmes d'aide pour partir à l'étranger sont en plein boom. Le dispositif du Volontariat international en Entreprise (VIE), qui permet de tester des jeunes sur des missions export, est passé de 2.080 à 7.070 salariés en 10 ans. Une progression de 240%. Et le Programme Vacances Travail (PVT) du Quai-d'Orsay, destiné aux 18-30 ans, concerne aujourd'hui près de 30.000 globe-trotters contre seulement quelques centaines il y a une décennie.

L'appel du grand large ? Mehdi, diplômé de l'école de commerce Euromed Marseille, n'y a pas résisté et a choisi le Canada : 
Les boîtes françaises ne jurent que par la diversité, mais embauchent toujours les mêmes profils. Au Québec, on m'a proposé les responsabilités d'un cadre senior."
Les DRH le savent, les "serials entrepreneurs", ceux qui ont la rage de créer et brûlent de prendre leur revanche, viennent souvent des zones difficiles. Et, comme ils ont le sentiment que rien ne bouge en banlieue, certains préfèrent partir, déçus, floués.
Ces "enragés" pour qui la vie est ailleurs ne représentent pas tous les cas de départs. A l'autre bout du spectre social, on remarque aussi une catégorie en hausse de candidats à l'exil : les "conquérants", ces entrepreneurs convaincus que leur projet de start-up ne peut désormais se réaliser qu'à l'étranger. Ilan Abehassera, diplômé d'Euromed qui a créé puis revendu Producteev, une entreprise de software qui a rejoint le top des logiciels de gestion, raconte :
New York, créer ma boîte m'a pris vingt minutes sur internet, plus trois heures de consultation juridique. Et il ne m'a fallu qu'une semaine pour lever des fonds. Cela aurait été impossible à Paris avec la bureaucratie et les investisseurs frileux".
De son côté, Eva Camarasa, diplômée de l'Ecole de Management de Strasbourg, témoigne :
Après deux années à Hongkong et à Helsinki, j'ai travaillé à Bangalore, en Inde. De retour en France, les employeurs me reprochaient d'avoir débuté à l'étranger ou m'off raient à peine le smic. Je suis repartie créer une boîte en Inde. Je n'envisage pas de rentrer".
Comme beaucoup d'autres, Thomas Chabrières, 28 ans, ancien publicitaire, créateur de Shanghai Insiders (maisons d'hôte et circuits dans la Chine profonde), un sous-traitant du Club Med, a succombé aux charmes de la Chine :
En France, dit-il, le droit à l'échec n'existe pas, la société est morose et la bureaucratie est hallucinante."
A écouter les exilés, le système de formation et d'insertion professionnelle, élitiste et méprisant pour les "petits diplômes", serait à bout de souffle. Seule solution pour les talents frustrés : un parcours d'aventurier hors de l'Hexagone. Ces jeunes découvrent qu'à l'étranger ce n'est pas le diplôme qui fait la loi, mais l'énergie et la volonté. Et qu'à la clé il y a souvent une reconnaissance plus importante qu'en France.
Une perte, ces exils ? Ce n'est pas si sûr. Certains partent pour revenir avec de belles idées.
Que les Français s'en aillent explorer le monde est positif, souligne Pierre Tapie, patron de l'Essec et président de la Conférence des Grandes Ecoles. Après les avoir longtemps taxés de casaniers, ne tombons pas dans la critique inverse. Comptent-ils rentrer ou quitter définitivement la France ? Je ne crois pas à une fuite des cerveaux."
Patrick Fauconnier et Jean-Gabriel Fredet 
> Lire l'intégralité du dossier "Etudier, travailler à l'étranger : la tentation du départ", dans "le Nouvel Observateur" du 4 avril.

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