Par Olivier Soumah-Mis :
On me demande souvent “Quel est le pays le plus difficile pour un expatrié ? ». S’il est vrai que pour un expatrié français l’effort d’adaptation à Bruxelles sera moins important qu’à Karachi, dans l’absolu, il n’y a pas de pays plus difficile que d’autre. Tout va dépendre de vos capacités d’adaptation, d’ouverture d’esprit, d’acceptation de la différence, de votre empathie. Là ou certain vont mal s’adapter, ne pas s’adapter voir tomber en dépression nerveuse, d’autre vont profiter pleinement de leur expatriation. Il n’y a pas de règle. Ce qui est sûr c’est que nous ne sommes pas tous fait pour vivre dans n’importe quel type de pays, dans n’importe quel type de culture. Certains seront comme un poisson dans l’eau dans les cultures latines alors que d’autres se sentiront mieux dans les cultures anglophones ou asiatiques. L’expatrié qui aura passé 3 ou 5 ans au Mexique, qui aura été efficace professionnellement qui se sera intégré avec sa famille, car le système de valeurs au Mexique ne lui aura pas coûté un effort trop important, s’il est envoyé au Japon à la fin de son expatriation mexicaine, rien ne garantit que son adaptation sera aussi performante. S’adapter à des cultures donc à des systèmes de valeurs qui peuvent être très différents et en plus sans préparation, exige de grandes qualités humaines. En 15 ans de préparation d’expatriés, je peux dire que je compte sur les doigts d’une main ces personnes capables de s’adapter partout.
Tout expatrié ou qu’il aille subit ce que l’on appel « le choc culturel ». La violence de ce choc ne dépend pas du pays mais bien de l’expatrié lui-même. Comment fonctionne ce choc culturel ?
A priori l’expatriation est un choix. Lorsque le Directeur des Ressources Humaines répond positivement à la demande du cadre, celui-ci est content. Avant de partir il est heureux car, son expatriation est un nouveau départ, un nouveau challenge professionnel, nouvelles responsabilités, nouvelle vie…
Lorsqu’il arrive dans le pays, au Mexique par exemple, il va subir plusieurs phases :
1- L’état d’euphorie : Lorsqu’il arrive dans le pays, tout est merveilleux, tout est différent, il a tendance à « sublimer » son nouvel environnement. Il a tout à découvrir.
2- Le coup de blues : 3 facteurs différents nous font passer de l’état d’euphorie au coup de blues :
Le premier : Une fois que son nouvel environnement devient sa norme quotidienne, c'est-à-dire que les choses deviennent normales, il commence à être confronté aux réalités du pays qui ne sont, forcément pas toutes roses, là ou il ne faisait pas attention aux embouteillages de la ville, ces embouteillages lui servait pour prendre ses repères, pour observer cet environnement inconnu, maintenant ces mêmes embouteillages répétés tous les jours deviennent fatigant. Et petit à petit l’expatrié va ouvrir les yeux sur milles petits détails qui viennent parasiter la vie quotidienne de tout expatrié ou qu’il soit sur la planète.
Le second : Puis il y a la famille, le pays, la nourriture, les amis que nous avons
laissés en France, ils commencent à manquer. L’expatrié sur Bruxelles peut rentrer
en France chaque week end s’il le désire, l’expatrié au Mexique doit attendre les
vacances de Noël ou d’été pour rentrer, c’est plus difficile dans certain cas.
Le troisième : Certainement le plus inconscient et le plus déstabilisant. Au début de
son expatriation l’expatrié vit dans un « no mans land » culturel. Il y a un moment en
général après l’état d’euphorie, difficile à vivre car l’expatrié se rend compte que ses
repères culturels ne fonctionnent pas à 100% avec les réalités du pays car il vient
d’arriver et il n’a pas encore capté ceux de son nouvel environnement. Le manque de
repère est toujours quelque chose de difficile à gérer.
Suivant comment l’expatrié va vivre son coup de blues, plusieurs comportements possibles vont suivre :
Le pire : La dépression nerveuse. C’est le cas de la personne qui c’est trompé de pays. Ce pays ne lui convient pas, l’effort d’adaptation est trop important pour elle, elle broie du noir, elle critique tout, les gens, la chaleur, la nourriture, tout !! Du coup de blues petit à petit elle va sombrer dans la dépression. D’après les études cette catégorie représente quand même 30% des expatriés français dans le monde.
L’autre cas négatif, l’insatisfait, qui après son coup de blues, passage obligé, va rester dans un état d’esprit toujours négatif, il a bien pris ses repères dans son pays d’accueil, mais il n’y a rien à faire il reste très critique vis-à-vis du pays. C’est le cas de beaucoup de français à l’étranger. Ce cas reste négatif, car il est difficile d’être performant professionnellement lorsque l’on ne se sent pas bien dans un pays.
Le troisième cas, le passionné, cas qui reste négatif pour l’entreprise mais positif pour l’expatrié. C’est ce français envoyé au Mexique par son entreprise, qui rapidement tombe amoureux du pays, voir d’une ou d’un mexicain, qui devient plus mexicain que les mexicains, qui devient critique envers son pays en découvrant une autre réalité au Mexique. Ce cas est négatif pour l’entreprise car lors du retour, soit il démissionne, soit il rentre mais le retour sera douloureux car il lui sera plus difficile de se réadapter au moule français alors qu’il se sentait si bien dans le moule mexicain. Positif pour l’expatrié car s’il décide de démissionner pour rester, alors il fera sa vie sur place dans un pays qui lui convient culturellement bien.
Le dernier cas, le satisfait, est le cas idéal, c’est l’expatrié content d’être là qui positive son expatriation sans oublié d’où il vient et qui sera content de rentrer lorsque l’heure du retour sonnera.
L’adaptation n’est pas innée c’est un effort, c’est un apprentissage, malheureusement peu d’entreprises investissent dans cet apprentissage alors que les conséquences sont humainement douloureuses et financièrement coûteuses.
Blog donde los Expatriados, los Gerentes de la Movilidad Internacional encontraran artículos que los ayudará en sus misiones internacionales.
lunes, 12 de noviembre de 2007
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